samedi 25 février 2017

La nourriture, chemin de communion avec le monde


La nourriture est l’espace d’accueil par excellence de notre transformation, car elle nous relie au monde par tous les « bouts » de notre être - corps, cœur, esprit… Partant du constat d’effroyable prédation que nous opérons sur le vivant, et de cette rupture qui signe notre séparation de la nature, des autres êtres sensibles, de nous-même et du divin, comment la nourriture peut-elle justement nous conduire à développer une relation de douceur et de non-violence avec le monde ? Comment, sur notre chemin d’évolution, peut-elle nous permettre de passer de la séparation à la communion ?


Selon le principe d’unité fondamentale présent dans diverses traditions spirituelles, notre corps et le corps de la terre, temples sacrés de la vie, sont unis dans une étroite relation d’interdépendance. C’est dans cette relation qui m’unit pareillement aux étoiles et aux bactéries…, que j’existe. Seul, je ne suis rien. En ce sens, se nourrir est un acte éminemment symbolique (qui, selon son étymologie signifie : « mettre ensemble », « joindre »), car il  me relie au monde, et cela dans une double dynamique : de lui à moi, par les aliments (sa matière) que j’ingère (« je suis ce que je mange »), de moi à lui par la prédation plus ou moins grande que j’exerce sur lui. Cette nourriture, trait d’union entre mon corps et le corps de la terre,  à l’instar de l’eau, de l’air et d’autres nourritures plus subtiles (lumière, énergies…) signe mon inter-être avec le monde, en même temps que ma survie. Elle engage simultanément ma responsabilité à l’égard du vivant dans son ensemble.

Une violence généralisée
Sans s’étendre sur le constat désastreux de notre prédation sur le monde, notamment par la généralisation de l’agriculture, de l’élevage et la pêche industrielle, il faut cependant ouvrir les yeux sur la réalité actuelle, ne serait-ce que pour nous encourager à la transformer. Le fait est que, par la simple action de mettre un aliment dans notre bouche, nous commettons multiples violences : violence à la terre que nous polluons par toutes formes de toxines (pesticides, engrais, déchets plastiques, déjections multiples…) et dont nous suçons les mamelles exsangues comme des chatons avides, violence aux autres humains – qu’ils soient d’ ici, d’ailleurs et de demain, spoliés de leurs ressources minimales par notre consommation excessive, violence aux êtres vivants que nous tuons, volontairement ou inconsciemment (animaux d’élevage, poissons, mais aussi toutes les micro-vies présentes sur la terre et dans les airs), violence à ceux qui, privés du choix de leur alimentation, sont obligés d’ingérer une nourriture toxique (enfants dans les cantines, malades dans les hôpitaux, personnes âgées dans les hospices…). Lire la suite....