jeudi 9 juin 2016

Frédérique, la femme qui parle aux dauphins



Frédérique Pichard a fait la connaissance de Dony,  un dauphin ambassadeur, libre et sauvage, qu’elle retrouve de port en port, sur la côte Atlantique, depuis plusieurs années pour nager avec lui. Elle est l'auteur d'un magnifique ouvrage : "Dauphins ambassadeurs, messagers de la mer" (ed. Democratic Books, 2010). Elle nous raconte ici comment elle a fait connaissance avec son ami Dony et comme cette rencontre a bouleversé sa vie. 

"Ma première rencontre avec les dauphins a eu lieu en Polynésie, à Moorea. J'étais accompagnatrice de voyage. L'hôtel organisait des baignades avec des dauphins en semi-captivité. Je m'y suis d'abord refusée, je détestais les voir enfermés. Mais un jour, j'ai entendu une forme d'invitation : une pensée qui disait "Pourquoi ne viendrais-tu pas nous rencontrer, puisque de toutes façons nous sommes là ?" Je me suis mise à l'eau et j'ai accueilli l'instant, sans tenter de les toucher. Puis j'ai croisé le regard de l'un d'eux. J’ai alors ressenti une émotion volcanique et je me suis mise à pleurer.
« C’est souvent ce qui arrive lorsqu'on a cette chance », m'a dit le maître nageur. J'ai vécu ce premier contact comme un réveil, un choc d’amour, un retour à la  source de l’amour originel. A Cuba, quelques temps plus tard, une deuxième rencontre m'a bouleversée. Je devais rejoindre  un groupe  en mer, mais je suis restée rivée sur le quai, captivée par une dauphine qui me scannait littéralement avec son œil. Il s'est passé à ce moment-là quelque chose de fondamental que je n'arrive toujours pas à comprendre, comme si elle avait scellé mon destin à celui des dauphins. Lisait-elle alors ce qui allait m'arriver ?

Dans les années qui ont suivi,  avant ma rencontre avec Dony, j'ai progressivement découvert l'immensité de l'espace intuitif. D'abord à travers mes jumeaux, qui semblaient liés par une télépathie à laquelle ils me conviaient. Puis dans mon parcours professionnel. Je me suis formée à la relaxation spécialisée en visualisation créatrice. Le principe : concevoir une  chose par l'imagination, et y penser si fort que cela augmente la possibilité qu'elle se réalise. C'est ce que l'on appelle la loi de l'attraction. Ma pratique propose, par le biais du souffle et du lâcher mental, de contacter des espaces intérieurs infinis. Et de trouver un état méditatif dont j'ai découvert plus tard qu'il est très proche de celui des dauphins. Grâce aux électro-encéphalogrammes réalisés par John Lilly[1], on sait que leur cerveau se trouve la plupart du temps en fréquence d’ondes alpha. Or c'est par cet état de relaxation qu'ils amènent les êtres à se retrouver eux-mêmes.

Ma fille Adélie allait avoir six ans. Je lui avais promis qu’elle irait nager avec les dauphins pour son anniversaire. Un jour, j’ai appris la présence d'un dauphin solitaire dans le port de Royan. Nous sommes parties à sa recherche, en vain. Nous nous sommes alors mises  en méditation. Au bout de cinq minutes, ma fille m’a dit : « Viens, nous ne sommes pas encore allées par là ! » A côté du quai, il y avait une forme bombée. Le dauphin se faisait caresser par une petite fille. Tous les soirs, vers huit heures, il retrouvait les copains qu’il s’était faits dans le port. Nous nous sommes déshabillées pour rentrer dans l'eau. Et tout doucement, nous nous sommes approchées de Dony. Le contact s’est établi très vite. J’ai senti qu’il n’était pas bien. J’ai posé mes mains sur lui.  Il s'est blotti dans mes bras, ce qui est plutôt inhabituel pour un dauphin. En général, c’est nous qui allons vers eux pour leurs vertus thérapeutiques.  Notre connexion s'est ainsi établie sur le soin mutuel, dans une joie simple et posée. J’avais conscience du cadeau que la nature nous offrait. Ma fille et moi avions demandé quelque chose très fort à l'univers, et c'était arrivé.

Un mois durant, je suis retournée tous les soirs nager avec Dony, parfois jusqu'à deux heures du matin. Je ressentais une telle euphorie que je ne dormais plus. J'oubliais la température de l'eau, l’espace, le temps. Dony se tournait vers le ciel, me montrait les étoiles. Au départ - c’était un rituel établi - il m’invitait dans sa danse en me faisant tourner comme dans un mandala, une danse soufi. Je lâchais tellement le mental qu’une nuit, j’ai entendu un son dans l’océan, un son de fond très ancré, un son de mémoire originelle,  présent en permanence. J’ai appris plus tard, qu’il existe réellement une fréquence vibratoire que les baleines émettent tous les ans et à laquelle elles s’accordent toutes.

Durant ce mois passé avec Dony, je m’amusais à lui donner des rendez-vous télépathiques. Je lui envoyais l’image mentale du prochain lieu et une heure approximative, tout en éprouvant fortement la joie que j’avais de le rencontrer. Systématiquement, juste après être sortie de l’eau, et juste avant de le rejoindre, je pensais très fort au rendez-vous. C’était une expérimentation et elle s’affinait de plus en plus. A la fin des vacances, je l’ai prévenu que je ne pourrais plus être aussi disponible –la rentrée arrivait pour mes enfants - et il est reparti. J’étais dans un  état proche de celui d’une femme amoureuse. Un jour, j’ai retrouvé Dony  à la Rochelle entouré de centaines de personnes et de pompiers qui voulaient l’évacuer de façon intrusive. Je lui ai envoyé un message pour lui dire de me rejoindre à l’ile d’Aix. Il est venu. C’était  tellement précis, je n’avais plus aucun doute. C’est alors que j’ai décidé de m’engager pour les dauphins ambassadeurs. Durant tout l’été, j’avais vu Dony aller à la rencontre de tant d'individus, les toucher, leur ouvrir le cœur. Penser que cette richesse pouvait être  méconnue, par peur ou par ignorance, et que l’on préférait éloigner Dony, même si je comprenais bien pourquoi, me semblait injuste.

On connaît les dauphins ambassadeurs depuis l'Antiquité.  Ils se détachent de leur groupe pour aller à la rencontre des humains. Ils seraient aujourd'hui quatre-vingt dans le monde, dont six ou sept en France. Tous les étés, ils suivent un vrai  programme. Ils sillonnent les côtes, partout où ils peuvent rencontrer du monde, en Bretagne, en Vendée, en Normandie… Mon hypothèse est qu'ils ont choisi sciemment de venir à notre rencontre, tout en continuant à entretenir une relation avec leur groupe. Un scientifique anglais, Horace Dobbs[2], 70 ans, a côtoyé de nombreux ambassadeurs dans son existence, notamment Jojo, l’ami de Jacques Maillol (plongeur apnéiste français qui a inspiré la création du personnage, héros du Grand bleu). Il a fait plusieurs films et créé son association pour étudier les possibilités de transformation thérapeutique par la rencontre dauphins-humains, notamment pour les enfants en difficulté. Chaque fois que je fais des conférences sur ma rencontre avec Dony, où que j'aille, il y a toujours quelqu’un qui le connait.

Tous ceux qui l'ont croisé se sont sentis profondément reconnus, aimés inconditionnellement. Le mot gratitude revient souvent à leur bouche. Ainsi que le sentiment d'avoir reçu un enseignement fondamental : "Vis l'instant présent ! ". Quand je suis dans l’eau avec Dony, il n’existe plus rien qu'une sensation de plénitude. Je fais corps avec les éléments, je me sens enfant de l’univers et confondu à lui. Cette union de petit soi au grand Soi procure un véritable sentiment d’extase. Peut-être est-ce la vocation de ces dauphins ambassadeurs que de nous rappeler que nous ne sommes pas séparés de la nature, que nous sommes reliés aux étoiles que Dony continue de me montrer, mais aussi au végétal, à l'animal, au minéral…Et qu'il y a juste à écouter et à laisser ce dialogue d’amour s’instaurer avec tout le vivant qui nous entoure.

L’institut Dony.
Crée en 2006 avec des parrains impliqués tels Philippe Desbrosse, Gauthier Chapelle, Edgar Morin … l’Institut Dony avait pour objectif de départ d’observer et de protéger les dauphins ambassadeurs et de créer une plate forme d’échange entre scientifiques, intuitifs, artistes… passionnés des dauphins ambassadeurs. Ensuite, l’idée était de permettre aux personnes à terre de se relier à l’énergie créatrice des dauphins et de la mer en proposant des stages, des ateliers et aujourd’hui des rencontres physiques. www.institutdony.com 

Dauphins ambassadeurs, messagers de la mer. Ouvrage de Frédérique Pichard, Ed. Democratic books 2010.





[1]  Les expériences de John Lilly, parfois contestées, ont ouvert des champs d’investigation insoupçonnés. Son « Testament Spirituel » apparaît comme un ouvrage de référence dans la compréhension des dauphins.
[2] www.horacedobbs.com et l’opération « sunflower » qui consiste à évaluer le pouvoir thérapeutique des dauphins. 

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